Ça cause pas mal de surveillance ces temps-ci. Merci la NSA! Entre une séance de bronzette et deux margaritas, une fois n’est pas coutume, toute la fine fleur du journalisme international s’y est mise. Soit dit en passant, nous avons été particulièrement brillants en France dans notre rôle de composition démontrant une fois encore le savoir-faire français en matière de cinéma: « Oh les méchants américains qui surveillent tout le monde! Et même des français dis-donc (pourtant dignes habitant-e-s de la Pââtrie des Droits de l’Homme qui elle ne mange pas de ce pain là, pas même avec des dictateurs libyens réprimant les révoltes populaires)! M’enfin! »
Mais il y a un moment où il faut quand même arrêter les conneries, et revenir aux fondamentaux: l’#InternetQuifaitPeur avec ses réseaux musulmans pédophiles tueurs de pandas. Et sans grande surprise, la Russie ouvre le bal.
Certains pédophiles porteraient des perruques…
Vous l’ignoriez sans doute, la moumoute, sous ses allures de gadget destiné aux marchés de niches des chauves et des sosies de stars des années 60-70, se révèle en réalité être un redoutable outil de camouflage pour pédophiles. C’est un peu le raisonnement fallacieux de l’ex KGB renommé FSB pour faire moins poussiéreux, lorsqu’il s’attaque au projet Tor pour contrer les réseaux pédophiles. Nous ne le répéterons jamais assez, la pédophilie est une mauvaise herbe dont internet est le terreau.
Mais ne vous égosillez pas trop tôt dans une tirade contre ces ex-sovético-terroristo-mangeurs-d’enfants, et considérons plutôt que la Russie fait parte de ceux qui n’ont que faire des qu’en dira-t-on. La police japonnaise avait d’ailleurs elle aussi conseillé aux FAI de bloquer Tor il y a quelques mois; et la Suède (quoi?? cet exemple de sociale-démocratie pour nous tous??), s’y met à son tour: selon un certain Wecksell de la Section de la cybercriminalité de Suède [source]:
« Nous devons avoir une loi qui nous permette d’avoir accès aux services cryptés. Nous devons obtenir une clé pour accéder aux crimes les plus graves »
Vous comprenez aisément la logique à présent: l’anonymat doit être encadré sous peine de favoriser la pédophilie et la criminalité en général (j’ajouterais personnellement une épidémie de choléra mais ça n’est que mon avis de néophyte).
Il ne faut donc pas réfléchir trop loin pour comprendre qu’un anonymat encadré n’en est plus un. Et il faudrait être relativement naïf pour penser qu’un État pourrait faire quoi que ce soit d’acceptable dans ce domaine. L’affaire Snowden ne vous a pas encore vacciné? Peut-être que quelques lectures sur le comportement des services français pourrait être utiles..?
La surveillance transparence comme outil démocratique
C’est le nouveau credo des défenseurs des démocrates de tous poils: la transparence. Ça fait bien à la télé, on ouvre quelques archives nationales et c’est parti. Mais dans ce bel élan révélant à tous que les États sont trop sympas avec leurs sujets, on perçoit par moment la nécessité d’un retour d’appareil de notre part. Comme si vouloir cacher sa vie privée était devenu anormal, suspicieux. « N’a pas de compte Fécebook? C’est louche tout ça… Et ça chiffre son trafic internet en plus? Mettez-moi une équipe sur ce gugusse! »
Et quand on parle du réseau Tor, alors là, attention, ça va faire des étincelles! Pourtant utilisé par de nombreux journalistes, notamment ceux travaillant avec des dissidents de dictatures, des entreprises, des militants, des services étatiques etc., il souffre toujours d’une réputation de repère de pédophiles. En effet, lorsqu’on permet l’anonymat, on ne sait plus qui fait quoi. De plus, le réseau permet le développement d’un dark net, réseau parallèle permettant l’hébergement de données uniquement accessibles en étant connecté à Tor. Forcément, on y retrouve de la merde, notamment pédophile. Mais cela justifie t-il de condamner le réseau tout entier?
Enfoncer les portes ouvertes
Penser qu’on fera quoi que ce soit contre la pédophilie en surveillant, interdisant ou contrôlant Tor, c’est un peu penser qu’il est possible de regarder un épisode de Derrick en entier, et sans s’endormir… hum!
Si on y regarde de plus près, les réseaux pédophiles ont de toute façon toujours été à la pointe en matière de protection de l’anonymat et de dissimulation de données. Foutre en l’air Tor ne ferait que leur en toucher une sans faire bouger l’autre comme aurait dit un illustre homme d’État.
De plus, de nombreuses études montrent que la majorité des agressions sont effectuées dans le cercle familial large (56%). De ce fait, raconter que c’est Internet, Tor ou je ne sais quelle épine dans le pied des adorateurs de la surveillance panoptique, c’est donc prendre les gens pour des cons, et surtout ne rien changer au problème de fond qui me paraît davantage relever du culturel.
La question est sans doute complexe, mais difficilement détachable du caractère patriarcal de nos cultures, de la glorification de l’hyper-sexualisation des filles à peine pubères, du tabou de la sexualité lorsque ce n’est pas un produit d’appel, de l’omerta sur les violences domestiques etc.
Un cheval de Troie bien connu
En attendant, l’argument continue de faire mouche, comme cela a été le cas pour l’introduction en 1998 des prélèvement ADN en France pour les auteurs de crimes sexuels (merci M. Jospin). Il a par la suite été élargi aux attaques aux biens par le même gouvernement puis les suivants. Cela a sans nul doute permis à un M. Estrosi de sortir un peu plus tard:
« Les citoyens seraient mieux protégés si leurs données ADN étaient recueillies dès leur naissance. »
Le Monde, 16/01/2007
Actuellement, le prélèvement ADN est possible pour les délits de vol ou encore un tag sur un mur…
Alors? On tente le coup?