Il n’y a pas que Facebook qui mériterait des claques dans le domaine du respect de la vie privée en ligne. Oh non! Alors que l’entreprise de Zuckerberg fait ses choux gras sur le mythe du « connecting the world », d’autres comme Google, se la jouent Che Guevara. Dernier exemple en date, la possibilité de flouter les visages sur YouTube. On pense de suite à un outil plutôt pratique pour les militant-e-s, et notamment dans les pays où publier des vidéos constitue l’un des rares moyens de communiquer avec l’extérieur, comme en Syrie.
Chouette pourrait-on donc se dire! Ça nous change de Facebook qui automatise le fichage biométrique par la photo! Mouais. Sauf qu’à peine quelques jours après, des premiers retours d’internautes inscrits sur Google + témoignent d’un fait nouveau. Pour rappel, au lancement du réseau social, Google avait fait la guerre aux pseudos, et beaucoup y sont donc présent-e-s sous leur véritable nom. Vous le savez également, tous les services Google sont connectés entre eux, il suffit d’une simple adresse gmail pour y accéder. Pas cons à Google, ils se sont dit: « puisqu’on les a bien fait chier sur G+ (et que ça marche en plus), ya plus qu’à attaquer sur YouTube! ». Hé ben c’est parti. Dorénavant, les personnes connectées à leur compte G+ qui posteront quelque chose sur le portail de vidéo avec un pseudonyme, seront sommées d’inscrire leur véritable nom.
Une fois l’accord donné, il semblerait qu’il s’applique alors à toutes les publications passées et futures de l’internaute.
Illustration tirée de l’article de Numerama sur le sujet.
À quoi joue Google? Et bien moi je dirais au con, comme d’habitude! D’un côté on fait le beau avec le floutage vidéo, ça mange pas de pain, ça fait résistant face aux méchantes dictatures qui menacent les États-Unis; et de l’autre, on impose un bon gros fichage à la Facebook avec harcèlement automatisé en prime pour les personnes qui n’auraient pas compris les règles du jeu. De plus, ça leur permet juste de reprendre la main et de revenir sur la mini concession opérée pour Google + en autorisant partiellement les pseudos.
Mais après tout, je ne sais même pas pourquoi j’emmerde le monde avec ces conneries car comme Éric Schmidt le dit: « seuls les criminels se soucient de protéger leurs données personnelles ». Tout est dit.
Sauf que le jour où tu devra voler une pomme pour pouvoir survivre, tu aura trois gros chiens de la DCRI qui te tomberons dessus.
D’un côté on te demande qui tu est, qu’est-ce que tu fait, tout le temps. De l’autre on fait peur aux gens et on fait en sorte de casser la solidarité humaine.
Donc comme je disais, si un jour tu te trouve dans la rue, tu ne peux pas compter sur quelqu’un pour t’offrir une pomme (ils auront peur), si tu la vole tu ira en prison (l’argent est là pour créer des places), et pour finir, si tu te suicide face à ce monde cruel tu deviens illégal.
Je pense qu’il ne sera pas nécessaire d’attendre des situations si « extrêmes » (qui concernent certes déjà pas mal de gens aujourd’hui) pour que ces pratiques aient des effets dangereux. Déjà aux États-Unis, on commence à constituer des bases de données privées avec l’ADN et la santé des internautes est elle aussi indexée. Évidemment, la seule règle qui prime est celle du profit économique. Les conséquences sont potentiellement désastreuses.
D’un autre côté, les partis politiques (toujours aux US) rachètent les fichiers commerciaux avant les campagnes, afin d’affiner au mieux leur message, et le personnaliser autant que possible. Que donneront les communications entièrement basée sur les nouveaux médias? Lorsque la publicité (ou le message politique) sera adaptée à vos habitudes de navigation, aux événements de votre vie (ou ceux de vos amis), votre état de santé, l’endroit où vous vous trouvez etc. « Vous avez un cancer? Mr untel qui se présente pour les élections prévoit justement de financer la recherche. »
Pas la peine de parler de prison ou de société totalitaire (même si elle se profile également) pour en arriver là… C’est sans doute ce qui est le plus insidieux.
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« seuls les criminels se soucient de protéger leurs données personnelles »
Il est désormais possible de savoir si l’on est un criminel alors qu’on l’ignorait jusqu’à présent. C’est Schmidt qui le dit. Il suffit de se demander si le fait de livrer sa véritable identité sur internet nous dérange, ou nous dérangerait…
Bravo au grand penseur Schmidt pour nous illuminer de sa Divine Lumière. Il n’y a pas à dire : Schmidt est vraiment un nom à vendre des cuisines.
Oui gloire à ce grand homme. Il aurait même dû être élu pape pour moi, tellement sa parole est juste et féconde! 😉
Il me semble qu’il y a même des entreprises qui sont chargées de lire toutes les mentions légales quand Facebook ou Youtube les mettent en ligne. La majorité ne les lie même pas et c’est bien le problème.